Findus et l’Académie Française

Nous avons tous entendu parler de la chair morte de cheval à la place de la chair morte de vache. Pour se sortir de l’embarras, le service communication de l’entreprise « Findus » propose une parade pour le moins ingénieuse. M. Chevalier, directeur communication de l’entreprise, a écrit une lettre à l’Académie Française lui demandant d’introduire dans la langue de Molière l’expression « Appeler un cheval un bœuf ». En effet, prétexte M. Chevalier, l’expression tautologique « Appeler un chat un chat » n’a pas plus de raison d’exister qu’une expression plus complexe et surtout plus d’actualité. Il faut vivre avec son temps et reconnaître l’évolution de la société. Si la demande est acceptée, Findus pourra invoquer la langue française à la rescousse si procès il y a. Par contre, M. Francis Francilien, président de l’Académie, affirme que M. Chevalier saute du coq à l’âne et qu’il essaie de noyer le poisson. « La langue française n’est pas le bon pigeon de  Findus » dit-il en montant sur ses grands chevaux.

Mais comme il fallait s’en douter, d’autres entreprises n’ont pas attendu longtemps pour proposer elles aussi des expressions leur permettant de se dédouaner et d’augmenter leurs ventes.

Par exemple, et dans le même ordre d’idées, l’entreprise chinoise « Chi quan », par la voix de son porte parole Liu Xi, propose l’expression « Appeler un chat un bœuf ».

La FSTF (Fédération des sociétés Taurines de France), qui est déjà à l’origine de l’expression « Prendre le taureau par les cornes », propose maintenant l’expression « Héros le jour, viande la nuit » pour tenter de faire accepter l’idée qu’il n’y a pas de mal à manger le taureau tué dans l’arène. Une association anti-corrida propose une contre-expression : « Être un toréador mouillé » pour signifier le fait qu’il ne faut pas beaucoup de courage pour s’attaquer armé à un animal affaibli (et d’invoquer un chiffre : entre 1950 et 2005, en Europe, il y a eu un matador tué pour 45.000 taureaux, ce qui fait 0,002 % de chances pour un humain de mourir au combat).

L’émission « Un dîner presque parfait » introduira dans sa prochaine diffusion une épreuve de « goût » et demandera aux participants de distinguer la chair morte de cheval de celle de vache. Et à M6 de proposer l’expression (qui donnera d’ailleurs le nom à cette émission spéciale) « Est-ce du cheval ou du bœuf ? » variante du « Est-ce du lard ou du cochon ? ».

Avant, c’étaient les écrivains qui modifiaient la langue. Maintenant ce sont les entreprises… Notre société bat de l’aile.