Quand nous désirons (dans notre opinion) améliorer le monde, nous faisons souvent l’erreur de combattre les gens qui ont d’autres idéologies ou comportements en croyant qu’en les éliminant ou neutralisant, tout irait mieux. Or, on ne peut tuer une idée quand bien même nous tuerions celui qui la propage. Averroès disait : « La pensée a des ailes, nul ne peut arrêter son envol. » Nous pourrions tuer tous nos opposants (enfin, en théorie). Mais ensuite il faudra détruire tous les livres, les films, les cd, les inscriptions, les lettres etc. qui témoignent d’idées dont nous ne voulons pas. Et une fois que nous aurons réussi cela (chose bien évidemment impossible), il faudra encore s’assurer que les idées dont nos ennemis étaient porteurs ne naîtront plus dans la tête d’autres personnes. Et c’est une autre difficulté insurmontable qui rend inutile l’élimination des adversaires : tant que les conditions qui créent certaines idéologies ou comportements existeront, ces idéologies et comportements naîtront inlassablement… Et il faudra encore tuer leurs porteurs et ainsi de suite. L’élimination des idées par l’élimination des personnes n’est pas seulement immorale et incohérente, elle est impossible et impraticable. Pour tuer une idée il faut détruire les causes qui la provoquent.
« Tuer un homme ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. » Sébastien Castellion. On ne peut, sous prétexte de défendre une meilleure idéologie que celle de notre adversaire, tuer cet adversaire. Car quelle qualité pourrait avoir une idéologie qui justifie le crime ? Au nom de quel haut principe moral on se permet d’enlever la vie à un congénère ? Y a-t-il plus important que le droit à la vie ? Comment prétendre chercher la paix dans la violence ?
Mais, évidemment, il ne s’agit pas de non-action et de pacifisme extrême… Comme disait Gandhi « Entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence ; entre la violence et la lâcheté, je choisis la violence. » La violence ne peut pas être un moyen d’action car elle est toujours imprévisible dans ses conséquences. Mais elle peut être un moyen de défense quand c’est le seul qui reste. Celui qui recourt à la violence pour défendre ses idées doit être dans une situation extrême et d’extrême danger. Tant qu’il n’est pas dans cette situation, sa violence n’est qu’une excuse habillée dans les beaux habits d’une idéologie. La violence est toujours un échec : de la parole, de la raison, de la force, de la maîtrise de soi, de l’intelligence etc. Elle ne peut être, dans ce cas, une action mais elle doit demeurer une réaction exceptionnelle et maîtrisée.
Demandons-nous qu’a obtenu l’humanité en utilisant la violence comme action ? Un groupe a-t-il fait asseoir un gouvernement (au sens large) juste en agissant violemment en premier lieu ? Ou bien ne l’a-t-il fait qu’en réagissant à une violence première ? On ne peut et porter un idéal juste et porter la haine de l’Autre et le désir de l’éliminer. Ces sentiments ne peuvent subsister ensemble dans la même personne. Céder à la haine est une preuve de faiblesse. Les faibles n’amélioreront jamais le monde.
Tous les grands personnages de ce monde ont refusé de haïr leurs adversaires et c’est pourquoi ils ont contribué à améliorer le monde. Unes des dernières paroles de Missak Manouchian avant d’être fusillé par les Nazis ont été : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit ». Et c’était un résistant.
Ne pas confondre violence et force. La force peut être utilisée légitimement (respect et défense de l’état de droit). Sinon, elle devient violence (usage de la force sans référence au droit ou contrairement à celui-ci).
Votre article, intéressant, mérite d’être réécrit à la lumière de ces concepts philosophiques de base.
Effectivement, je n’ai pas développé, mais ce sont deux choses distinctes. Et j’espère que ça se comprend bien dans l’article :-). La violence c’est l’envers incontrôlable et fasciste de la force.
Il n’est pas d’idée sans êtres. Un idée ne peut exister par elle-même. Or, il est bien difficile de combattre certaines idées et encore plus certaines caractéristiques.
L’être « humain » depuis la nuit des temps soit opprime les autres soit est opprimé par les autres.
A la question: « L’Homme est-il naturellement bon? » je réponds: « NON! HELAS! HELAS! encore et encore HELAS! »
Le monde ne se divise pas, aussi catégoriquement, entre « dominants » et « dominés ». C’est un point de vue que de voir le monde sous cet angle.
S’il n’y a pas d’idée sans êtres, je ne sais pas… Un livre, une fois qu’il est écrit, survit à la mort de son auteur.
Nul besoin que l’Homme soit naturellement « bon » (d’ailleurs, qu’est-ce que cela veut dire ?). Ce qu’il faut savoir c’est si un autre monde est possible et si nous, personnellement, on peut y contribuer. Je suis convaincu que oui.
Depuis, ses toutes premières années, il suffit d’observer : le petit d’homme montre déjà ou bien une tendance à la domination ou bien une à se laisser dominer et les conflits commencent très fort;
Bien sûr qu’une idée peut survivre à celui qui l’a eue. Nul ne peut le nier. Cependant, l’absence totale d’êtres humains mettrait fin à toute idée humaine qu’elle soit bonne ou qu’elle soit mauvaise et les animaux seraient tellement mieux sans nous!
Mais, Cristi, les animaux nos frères SONT dans une situation « d’extrême danger »!!…. et si le principe végan de non-violence est un plus qu’excellent principe, il n’en reste pas moins qu’en pratique, par cette non-violence, nous laissons ( je sais nous n’avons pas les moyens de faire autrement) des milliards d’innocents vivre l’enfer organisé par les humains.
Je pense qu’il y a toujours eu des humains dominants profiteurs et des humains dominés exploités. Pourquoi cela changerait-il un jour?
Je n’ai plus aucun espoir en l’espèce « humaine » dont la cruauté et/ou l’égoïsme incommensurables me minent chaque jour davantage et OUI, comme Catherine Brunetti, j’aspire à l’extinction de cette grande erreur de Dame Nature: l’Homme.
Comme je dis, il ne faut pas confondre l’inaction avec la non-violence. Ni d’ailleurs la violence contre les gens à la violence contre des objets (si tu penses aux actions d’Alf).
Tous les humains ne sont pas identiques et tous peuvent changer. L’option du pessimisme laisse la porte ouverte à toutes les injustices car, en tant que pessimiste, on n’est plus vraiment prêt à changer les choses. Le pessimiste crée finalement le monde qu’il déteste, le pessimisme est auto-prédictif.
De plus, le pessimisme n’est pas une réalité objective mais seulement un sentiment personnel. Des choses vont bien dans le monde, beaucoup d’initiatives justes existent, beaucoup de personnes font tout leur possible pour améliorer le monde. Nous devons en faire partie. Je ne sais pas si tu as vu mon nouveau site : https://lemondequiavance.wordpress.com/ et mon article : http://essentiellesagesse.wordpress.com/2012/12/26/ni-optimiste-ni-pessimiste-mais-objectif/
Cristi,
Je ne confonds nullement l’inaction et la non-violence. J’ai moi-même très longtemps eu une grande admiration pour les non-violents et ce concept me plaît encore beaucoup sauf que compte-tenu de ce que l’on peut constater de l’être humain, la non-violence n’obtient BIEN HELAS que peu de résultats face à la violence: TRISTE mais vrai!
Oui, quoi de plus beau que d’avancer vers un monde meilleur par la non-violence! Mais quand on est LUCIDE, pas pessimiste, force est de constater que cette violence non aveugle, j’entends, que j’ai beaucoup de mal à admettre pourtant permet de faire progresser le monde, du moins pour quelque temps ( luttes du XIX ème siècle, guerre contre l’esclavage …..) Et oui, cette violence laisse toujours derrière elle des victimes innocentes, c’est vrai, mais j’ai le triste sentiment qu’il faut plus ou moins en passer par là pour obtenir de grands changements.
« Le pessimiste crée finalement le monde qu’il déteste… »
Que veux-tu dire par là, que les pessimistes sont cause de l’enfer animal qui les fait pourtant tant souffrir???
Le pessimiste peut en effet lâcher prise au bout d’un moment constatant qu’il n’arrivera à rien quant à la mission qu’il s’est parfois donnée et en effet non pas créer mais laisser perdurer des états de faits contre lesquels il s’est battu.
Bien sûr, le pessimisme est un sentiment ressenti parfois à tort, je le reconnais volontiers mais parfois aussi de façon justifiée. Il prend alors naissance dans un regard objectif d’une réalité désespérante.
Je sais que la foi peut déplacer des montagnes mais concernant la libération animale, la montagne dépasse de très loin l’ensemble des plus grandes chaînes de montagnes terrestres et autres.
Il faut sans pour cela arrêter de se battre, ne serait-ce que pour le respect des animaux, pour faire savoir nos idéaux, se rendre à l’évidence, les humains se contre-fichent pour la grande majorité d’entre eux du pauvre sort de leurs soeurs et frères animaux.
C’est avec beaucoup de tristesse et d’amertume que je suis pour l’extinction de l’espèce humaine. Je ne vois pas là d’autre moyen de libérer les animaux à moins de leur imposer le véganisme sans leur faire aucun mal, puis dans un deuxième temps, leur expliquer pourquoi il est bon d’être végan. Mais, c’est encore là une utopie puisque nous sommes si peu nombreux à aspirer à un monde antispéciste.
Je sais, tu vas me reprendre sur le mot véganisme qui sous-entend non-violence car là, il y aurait une forme de violence.