Compte-rendu du débat sur le film « Entrée du personnel »

Les choses ne se sont pas très bien passées: Marjorie et moi ayant déjà vu le film en avant-première au festival de cinéma minoritaire de Douarnenez sommes allés directement au débat à la fin, pendant que Cristi, du Mouvement Vegan, muni des tracts donnés par Frédéric Berthelet à la dernière AG était à l’extérieur. La réalisatrice évoque en rigolant la rusticité des horribles procédés servant à tuer dans d’atroces souffrances les non-humains, qui font varier le calvaire selon que l’abattage doit être rituel ou pas. Nous, on a envie d’hurler et de pleurer à la fois. Je suis intervenu, pour compléter des interventions d’autres spectateurs, après avoir levé la main, pour souligner l’impact douloureux sur les victimes de ces méthodes industrielles, puis l’inutilité de ce système d’autant plus criante qu’il n’y a que des avantages à manger végétal pour la santé, la planète, etc. Simple exposé des faits, d’une voix la plus calme possible dans ces circonstances forcément intimidantes. Le public semblait à l’écoute, certains hochant même la tête. La dame du cinéma est alors intervenu d’une façon virulente pour dire que ce n’était pas le sujet, que nous n’avions même pas vu le film, et n’avions qu’à organiser une projection nous-mêmes, etc. Je l’ai tranquillement contredite du tac au tac. Puis, la réalisatrice est intervenue pour dire qu’elle était contre le végétarisme car « elle veut voir des vaches dans les prés et pas dans les zoos » et qu’elle aime la viande. Un vieux monsieur a dit que nous disions n’importe quoi car les plantes aussi sont produites de façon intensive et que ça ne résoudrait pas le problème. Le psychologue du travail qui partageait la tribune exposait mieux les différents aspects des problèmes du travail que la réalisatrice. Marjorie est ensuite intervenue, avec un calme inhabituel de sa part, pour reprendre mes propos et prolonger ceux du psychologue concernant les impacts du fait de tuer à la fois sur la victime et sur le bourreau en s’appuyant sur sa propre expérience en usine, puis a terminé en disant « je ne suis pas d’accord avec vous sur plein de choses, mais je vous remercie d’avoir fait ce film qui permet de sensibiliser les gens, d’ailleurs j’en fais la publicité autour de moi ». Ne pouvant s’énerver suite a cela, Manuella (la réalisatrice) a tout de même rappelé que pour elle, malgré le témoignage « réel » de Marjorie, il n’y avait pas de différence entre construire des voitures et couper des bouts de chair. Une fois sorti, nous avons prolongé avec quelques personnes à l’extérieur. Cristi nous a raconté que la dame du cinéma était sortie pendant le débat (juste avant mon intervention) pour lui crier dessus, croyant peut-être l’humilier en lui disant « je sais que vous êtes anti-spéciste !!! » Genre c’est une tare… mort de rire ! Sans compter qu’il n’y a pas grand mérite à cela vu la renommée de Cristi, ce serait comme dire à Socrate : « je sais que vous êtes philosophe ». Quelle découverte ! Trève de sarcasmes, nous sommes bien tristes que les choses tournent ainsi avec ce cinéma, le seul potable du coin (nous espérons que le jeune de l’accueil n’aura pas d’ennuis), dont nous sommes clients et où nous avions toujours été bien accueillis et servis, nos actions y ayant toujours été tolérés.

Et la je sors d’une réunion municipale ou j’étais comme d’habitude entoure de chasseurs d’extrême-droite… Je dois déjà réfléchir à ce qu’on va faire au prochain salon annuel « Terre Naturelle » (il manque encore le chèque AVF pour la réservation aussi). Heureusement qu’il y a les actions des autres délégués pour avoir la pêche! Et puis Samedi stand à Ingré, où ils ont eu l’intelligence, eux, d’élire une municipalité gauche plurielle très teintée de vert… allons-nous réussir à nous réunir sur des idées communes entre un nombre suffisant de personnes intelligentes pour tenter la chose à Fleury aux prochaines élections?

Par Stéphane Ascoët

 

Stand 29 octobre 2011 à Orléans

Beaucoup de monde ce jour à Orléans centre mais bien peu de gens qui soient venus discuter. Je relève le passage d’un homme qui, après avoir dit, de manière agressive, « C’est quoi vos conneries là ?! » a commencé à parler de la corrida, dire qu’il était contre et ensuite me parler de son ancien travail dans un abattoir… Il a été licencié car, un jour, il n’a pas pu tuer un porc : « Je n’ai pas pu, il me regardait droit dans les yeux ce connard ! » dit notre homme, les yeux en larmes… Je lui raconte qu’un prisonnier Anglais a un peu vécu la même histoire, racontée dans le texte La vache qui pleure. Un autre homme, professeur de français, a longuement discuté avec nous. Il affirme ne pas être « converti » mais tout porte à croire qu’il en a l’intention. Deux jeunes filles qui font de l’équitation s’interrogent sur le fait de manger de la viande, car, au fond, « les vaches et les porcs… sont pareil que les chevaux ». Un homme qui, raisonnable, a avoué qu’à part le goût, il ne trouve aucune justification au fait de manger de la viande. Un fils d’éleveur qui s’en va bien vite laissant inachevée une discussion prometteuse. Un conseiller agricole fait de même, tout en laissant sa carte de visite. Il y a eu des encouragements et il y a aussi eu des reproches : « Vous feriez mieux de vous battre contre les pédophiles » comme si militer pour les animaux nous faisait cautionner la pédophilie. Mais dans l’ensemble très peu d’intérêt porté à un stand bien visible et à des idées révolutionnaires beaucoup trop de personnes passant sans même regarder, ce qui en dit long sur l’absence presque totale de curiosité intellectuelle dont certains sont victimes (et créateurs)…